TEMPÊTE : BATZ-SUR-MER
IMPACTÉ
Si, ce sont des salines, sous environ 2m d'eau, l'une se
déversant grassement dans l'autre
Lundi 10 mars 2008 :
Tempête
orientée Ouest + marée de 107.
Tous les
ingrédients étaient là pour
faire trembler les paludiers. Maintenant, ils luttent pour
limiter la casse. Il y a plusieurs stades dans les
dégâts :
La
digue est ouverte,
la
marée entre et sort librement dans la
saline,
puis de propre en proche dans les salines voisines. Le
courant peut
déstructurer la saline et occasionner de lourds travaux de
restauration. Nos salines ne sont pas adaptées pour
accueillir
plus de 40 cm d’eau. Les talus de séparation
subissent le ressac lié à la tempête.
Et pour l’instant,
impossible de constater les
dégâts, les niveaux ne baissent pas suffisamment
à marée basse. Nous avons personnellement
dénombrer 5 brêches, mais ce n’est
certainement qu’une faible partie du total.
- Le « veau » :
C’est le stade
qui précède la brèche, un
effondrement
d’un coté de la digue. Il est causé par
un débordement ou par des grosses infiltrations en
tête de digue, quelques fois simplement par une
grosse pluie.
Pour en avoir antérieurement subit en direct, ces
effondrements sont plutôt lents, progressifs, lourds,
imparables. Une fois qu’ils sont
déclenchés c’est trop tard.
Suite à la tempête, ces veaux sont innombrables,
parfois en continu sur une centaine de mètres de digue (à Roffiat).
Avec nos moyens manuels, il est pour l’instant impossible de
tenter de réparer les brèches, les courants sont
trop forts. Il faudra attendre le prochain mort d’eau,
lorsque la marée aura moins d’amplitude.
Notre action se
limite à
tenter
d’éviter de nouvelles brèches,
à l’endroit des veaux.
On plante des piquets dans l’alignement de la digue, on y
appuie des planches et on recharge en tassant au maximum. Les
équipes se forment. Et on essaie de faire contre mauvaise
fortune bon cœur.
En période habituelle, nous n’avons
qu’une seule pelle mécanique qui est
présente en dehors des périodes de production.
Elle s’est battue hier sur une brèche qui inondait
plusieurs centaine d’ha, pressée par la
marée qui montait. Elle manquait de terre et devait aller la
chercher à plusieurs centaines de mètres.
Sur
d’autres brèches,
aucun engin ne peut
accéder, la digue étant beaucoup
trop
étroite.
En général, s’il y a brèche,
c’est que la digue est étroite, et si la digue est
étroite c’est également que la terre
manque.
En l’absence de terre et d’engins, il ne reste
qu’
une solution
: le chaland. C’est une barge sur
laquelle on charge de la terre et que l’on fait ensuite
flotter jusqu’à la brèche. On se sert
de cette terre pour réparer manuellement, à la
pelle, avec des piquets, des planches et des câbles pour
solidariser les piquets de part et d’autre de la digue. Le
travail est énorme.
La question est la suivante :
aura-t-on
le temps de tout
réparer avent la prochaine grande marée au mois
d’avril? Toute eau qui rentre amplifie les
dégâts et rend les réparations encore
plus fastidieuses.
Vous êtes peut-être sur cette page pour vous évader
un peu, pardon d'être pragmatique en vous parlant du financement de ces réparations :
Les propriétaires du marais sont organisés en association
syndicales dite "des digues", association pour laquelle ils cotisent.
Mais ces cotisations ne financent qu'une faible partie des travaux, la
protection du littoral étant prise en charge par l'état
(50%) et par les collectivités territoriales dans le cadre du
contrat de plan état-région. Mais ce contrat arrive
à terme et l'état ne répond plus aux appels des
collectivités. Selon des bruits de couloir, il ne voudrait plus
financer cette protection qu'à hauteur de 10%. Se
désengager alors que les problèmes arrivent, ce ne serait pas
très sympa.
Et notre saline de Lacüestan dans tout cela? Elle n’est
pas impactée.
Elle subit plutôt un problème inverse.
Il y a une
forte sédimentation qui, chaque
année nous
occasionne de lourds travaux de curage et de nettoyage. Nous jetons,
à la pelle, ces sédiments sur les talus qui
deviennent trop hauts, trop forts. Trop forts parce qu’ils
déventent les salines, et qu’ils demandent
à chaque fois plus d’efforts pour y jeter les
sédiments.
Cette tempête nous rappelle qu’il y a des avantages
à ces inconvénients. Nous n'aurions
peut-être pas
pu faire cette page sur le vif si nous avions été
personnellement inondés.
Ce soir, le vent souffle encore et le coëfficient n'est pas
négligeable.
GAEC LA SALORGE ROUGE - Pascal et Delphine DONINI,
paludiers - route des Marais, KERVALET - 44740 BATZ-SUR-MER - tél
: 06 32 44 71 38